Rapport d’activité 2021

Rucher sur le site de Troinex

Les messages

Monsieur Thierry Apothéloz, Conseiller d’État
Christophe Mani, président d’Argos

Les rapports

Direction
Pôle ambulatoire « L’Entracte »
Pôle travail & insertion « les Ateliers »
Pôle résidentiel à court et moyen terme « le CRMT »
Pôle résidentiel à durée adapté « le Toulourenc »
Team santé « Les points marquants »
Système qualité : « Le point de vue du Système Management Qualité »

 

Statistiques

Statistiques générales 2021

Bilan et comptes

Rapport de l’organe de contrôle
Bilan et comptes 2021

Divers

Documents
Remerciements

Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique ; ils ont à la fois valeur d’un féminin et d’un masculin.

Message du Conseiller d’État Thierry Apothéloz

Renforcer le lien, en toute circonstance

La solitude et l’isolement représentent des risques majeurs pour les personnes toxicodépendantes. Ainsi, en 2021, dans le contexte de la poursuite de la pandémie et du prolongement des limitations impactant les lieux d’accueil, de culture, de sports et plus généralement d’interactions sociales, Argos a dû continuer à s’adapter. Pour rester au plus près de ses bénéficiaires, en situation particulièrement délicate de ce fait.

Riche de plus de 40 années d’expériences, Argos a su ajuster son dispositif à la situation et aux besoins du moment. L’association a mis en place les nouvelles mesures de prévention, tout en prenant soin de ne pas briser les liens, et même de les renforcer, malgré l’adversité. Le lien constitue en effet le coeur et la force de la cohésion sociale. Par définition d’abord. Puis plus spécifiquement concernant le travail d’Argos. Personne ne gagne seul-e la lutte contre les dépendances. Cette bataille se mène forcement en groupe, avec un soutien solide, solidaire et bienveillant.

L’agilité et le sens du devoir des professionnel-le-s a rendu possible la poursuite de la mission d’accompagnement et de soins pour des bénéficiaires particulièrement fragilisé-e-s par la durée et les aléas de la crise. Lorsqu’il a fallu fermer les prestations de centre de jour, c’est grâce à des contacts téléphoniques et des rencontres à l’extérieur que ce lien a été maintenu. L’élan de solidarité entre bénéficiaires pendant cette période, où ils et elles se sont mutuellement soutenu-e-s en dehors des structures de l’association, a également été remarquable. Mais cela n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’un long travail, de liens patiemment et constamment tissés, qui leur ont permis de traverser cette nouvelle épreuve, ensemble.

Depuis de longues années Argos travaille en effet à développer un accompagnement toujours plus personnalisé. Pour celles et ceux qu’il faut accompagner vers une vie plus autonome, Argos s’est ainsi mobilisé en 2021 pour maintenir trois appartements au sein de la cité, et ce malgré les préjugés. Des logements qui servent d’habitations protégées pour tenter un premier pas en dehors de l’hébergement résidentiel qu’offre traditionnellement l’association, ou de logement relais pour les bénéficiaires en voie de retrouver leur indépendance et une vie professionnelle, mais qui ont encore besoin d’un suivi socioéducatif.

Maintenir la présence, être toujours là, soigner et renforcer le lien, c’est la mission d’Argos. Mais l’association répond aussi à un éventail de nouvelles demandes. Celles notamment de bénéficiaires dont certain-e-s prennent de l’âge ou chez qui l’on observe des problématiques psychiques de plus en plus importantes.

Le contrat de prestations 2021-2024 inclut notamment dans l’offre d’Argos trois lits de type établissement pour personnes handicapées. Depuis plusieurs années, on observe en effet que les problèmes d’addictions touchent toutes les populations, et également des personnes handicapées. Dans ce cadre, Argos partage son expérience avec le monde du handicap, participant notamment à un projet pilote mené par le Groupement romand d’étude des addictions (GREA) en collaboration avec la Fondation Aigues-Vertes et l’Unité des dépendances des HUG.

Parce qu’elles sont toujours là, mais aussi parce qu’elles accompagnent les nouveaux besoins, je remercie toutes les personnes qui font d’Argos une association essentielle pour les personnes souffrant d’addictions. Je rends hommage à sa direction et son équipe, mais aussi ses bénéficiaires, qui face à la tempête se sont toutes et tous soutenus.

Thierry Apothéloz, Conseiller d’État chargé de la cohésion sociale

Message du président d’Argos

En ces temps particuliers, comment rédiger un message différent du rapport d’activité précédent ? Comme en 2020, l’année 2021 a été marquée par la Covid. En continu, la direction et les équipes ont dû repenser l’organisation et adapter leurs programmes et conditions d’accueil aux prescriptions des autorités, elles-mêmes en constante évolution. Avec comme objectifs prioritaires d’accueillir les résidents et bénéficiaires dans les meilleures conditions et d’assurer la santé du personnel. 

Cette recherche de réponses adaptées et en parallèle l’évolution des problématiques rencontrées a aussi pour conséquence d’ébranler certaines certitudes, de remettre à jour les nombreuses réflexions de fond sur le sens du travail et le développement des pratiques professionnelles au quotidien et à plus long terme. Ainsi, de manière non exhaustive, les thématiques suivantes ont été sources de réflexion :  la poursuite de la mise en œuvre de la gestion de la consommation non problématique dans les résidentiels, les plus-values du résidentiel, le développement de l’encadrement dans des appartements situés dans la cité (lire le témoignage ci-après), les difficultés d’accueil de personnes avec des problématiques psychiatriques conséquentes. Dans le cadre du partenariat avec les institutions pour personnes en situation de handicap, la question de la consommation de produits fait aussi partie des points d’attention d’Argos.

Afin de bénéficier d’un regard externe pour faire face à ces enjeux et à certaines tensions qui peuvent en découler au niveau du management, l’association a initié une démarche d’accompagnement avec M. Gabriel Delaunoy, destinée à repréciser certains aspects de fonctionnement et de communication interne.

Parallèlement à cette démarche qui se poursuit en 2022, la fin 2021 a également marqué le début de l’Audit du Service d’audit interne de l’Etat de Genève (SAI), avec une approche axée notamment sur la gouvernance associative. Cela signifie une forte mobilisation de la direction et de l’administration, ainsi que du comité pour fournir les documents demandés et répondre aux questions relatives aux objectifs de l’audit. Les recommandations nous parviendront courant 2022. 

Suite à la conclusion du nouveau contrat de prestations 2021-2024 signé avec le canton, le financement de 3 places de type EPH (établissements pour personnes handicapées) a été mis en œuvre. Cela me permet de remercier le canton pour son soutien à Argos, en particulier nos interlocuteurs directs de l’OAIS.  

Je ne voudrais toutefois pas terminer sans mentionner les enjeux que connait Argos en termes d’infrastructure des bâtiments dont la vétusté et le manque de fonctionnalité met aujourd’hui en question la possibilité d’offrir un accueil digne aux personnes fréquentant Argos, notamment en résidentiel. Nous en appelons au canton, propriétaire des locaux, pour collaborer avec nous pour améliorer ces conditions.

En plus des équipes qui œuvrent intensément au quotidien, je tiens une nouvelle fois à remercier le comité qui a été très fortement mobilisé en toute cette période et dont la fidélité et l’engagement des membres sont en tout temps remarquables.

Christophe Mani, président d’Argos

Rapport de la direction

L’année 2021 ! Nous avions l’espoir de tourner la page avec la pandémie de la Covid 19 mais celle-ci en a décidé autrement avec ses variants !

Quelques répits entre des vagues successives, l’association a su s’adapter à ce contexte et a poursuivi sa mission face aux diverses recommandations de l’OFSP et cantonales.

Les professionnels et les personnes accueillies ont su s’acclimater à ce contexte. Cela dit même si nous avons été impactés par le virus sur le plan humain, ce dernier n’a pas causé de problématiques de santé sévère et nous pouvons que nous en réjouir, ni déstabilisé profondément notre organisation.

Durant cette année particulière ne favorisant pas le présentiel, poussant souvent l’individu, quel qu’il soit, à vivre un sentiment de solitude, voire d’isolement avec toutes les angoisses que cela peut susciter ; l’association s’est toujours souciée d’apporter du soutien adapté aux personnes concernées, et surtout de maintenir « un lien », consciente de ces risques « psychosociaux ».

Nous sommes actuellement confrontés à des modes de consommations divers et variés, d’une abstinence qui reste un idéal mais devient compliquée dans sa finalité, des problématiques somatiques et surtout psychiques qui ne cessent d’augmenter et qui complexifient les liens entre bénéficiaires et le personnel. 

Nous devons constamment nous adapter à ce contexte évolutif et développer un partenariat toujours plus conséquent qui sollicite énormément les ressources humaines.

En parallèle à cette pandémie, les employés.es ont interrogé les enjeux de demain concernant l’association. Ces questions légitimes nous amènent sur des axes de réflexions auxquelles nous devrons faire face : la pertinence concernant la plus-value et la mutation des résidentiels, l’augmentation de fréquentation du secteur ambulatoire, et surtout faire face à une population dont les problématiques dépassent aujourd’hui celles liées uniquement à l’addiction. Le projet « Handicap/ Addiction » auquel nous avons participé pleinement en collaboration avec le GREA (Groupement Roman d’Études des Addictions), les HUG et la Fondation Aigues-Vertes démontre bien la pluralité des actions envisageables pour Argos.

Notre contrat de prestation 2021-2024, a permis l’ouverture de 3 lits EPH. C’est un nouveau pas d’ancrage pour l’association via les assurances sociales. Je souligne et remercie la confiance du canton et du département de la cohésion social pour leur soutien. Cela envisage de nouvelles collaborations avec des partenaires variés tant dans le domaine médico-social, judiciaire et psychiatrique mais aussi plus rapproché avec celui du domaine du « handicap ».

Je tiens à remercier les collaborateurs.tices pour leur engagement quotidien auprès de nos bénéficiaires et en particulier le collège de direction qui a su durant cette année si complexe soutenir des projets et continuer à tisser des liens avec le réseau genevois en vue de collaborations innovantes.

Je terminerais avec un remerciement particulier aux membres du comité qui tout au long de cette année ont toujours manifesté leur soutien avec grand intérêt et disponibilité.

Richard Zalisz, directeur

Pôle Ambulatoire, centre de jour L’Entracte

La Covid nous a encore bien accompagné durant toute cette période. Nous n’avons plus vécu de confinement comme l’année précédente, mais l’application des mesures barrières a été particulièrement « fracturante ». Nos bénéficiaires ont bien joué le jeu, et ce de manière assez responsable. C’est surtout d’un point de vue professionnel que les choses ont été compliquées. Le télétravail, les multiples réunions en visioconférence, l’impossibilité de certaines rencontres, etc. ont mis à mal le travail collaboratif interprofessionnel et les échanges interpersonnels si importants dans notre domaine d’activité. Cela nous rappelle comment le lien social est si important.

La place de l’animation au sein du centre de jour a pris de l’ampleur. Elle s’est renforcée, structurée, réfléchie et finalement intégrée. L’année passée, je parlais d’une animation « polymorphe » ou d’une « dynamique d’animation ». Cette manière d’intervenir a permis de soutenir les compétences de nos bénéficiaires, de valoriser avec eux leur potentiel, de leur redonner un certain pouvoir d’agir. Leurs différentes interventions ou créations ont modelé et décoré une partie du lieu. L’environnement de l’Entracte s’en est vu changé. Il est devenu plus solidaire, chaleureux et vivant. Cela a permis une certaine « appropriation de l’espace» pour pouvoir se sentir bien dans ce nouvel environnement.

Le travail en individuel a été important. Un très gros soutien a été donné sur des aspects administratifs dont les situations de nos bénéficiaires sont de plus en plus complexes. Quand l’administratif a été laissé à l’abandon durant de longues périodes, il est souvent difficile de le reconstruire. Cette partie de nos interventions est très importante, car le « chaos administratif » est très anxiogène et cela influence la santé mentale de nos usagers.

Notre accompagnement individuel est aussi et principalement basé sur une écoute active. Nos entretiens sont dépositaires de beaucoup de souffrance. Au fil du temps, avec un lien sécuritaire, nos usagers parlent de leurs douleurs morales, de leurs traumas, de leurs difficultés relationnelles, etc. C’est avec beaucoup d’écoute, de bienveillance et de finesse que nous essayons avec eux de faire des liens avec leurs problématiques d’addictions.

Depuis déjà quelque temps, les personnes qui s’adressent à nous, pour être admises dans nos résidentiels, sont principalement des consommateurs d’alcool et de cocaïne ou de cocaïne « basée ». Ce type de consommation met vraiment à mal les personnes. Leurs santés mentales sont fortement affectées. Les émotions, deviennent plus labiles et plus pulsionnelles avec de fort craving (envie impérieuse) et par conséquent elles présentent une forte instabilité. Un travail en réseau avec nos différents partenaires médico-sociaux est fondamental et doit se faire sans relâche. Les aspects médicaux sont toujours de plus en plus fréquents. Cela nous demande une attention toute particulière afin d’éviter des complications dans le processus d’une admission en résidentiel.

D’année en année, la fréquentation de l’Entracte ne cesse d’augmenter. En 2021, nous avons dénombré environ 4000 passages et de très nombreux entretiens individuels. La masse de travail a exigé une agilité toute particulière de la part de l’équipe pour répondre de façon qualitative aux besoins des personnes accueillies. Nous avons dû réaménager nos locaux où le moindre espace a été utilisé pour le rendre le plus efficient possible.

Je tiens à remercier vivement toute l’équipe de l’Entracte pour sa grande qualité professionnelle et son grand engagement. 

Pascal Dupont, responsable du centre de jour l’Entracte

Appartement relais, témoignage

Je commencerai par l’importance d’avoir un lieu de vie en sortant d’institution. En effet, même avec un lieu de vie, il faut compter facile une année, pour que les repères ( avoir un rythme de vie « normal », courses, lessive, ménage, paiements, etc.) se mettent en place. Il faut rajouter à tout cela les difficultés avec le produit, et surtout au début gérer la solitude, la motivation, les problèmes, etc. Tout cela peut vraiment nous démoraliser par moment. D’où pour moi l’importance d’un suivi de la personne, qui puisse l’aider dans les moments difficiles et être un appui ou plus simplement avoir quelqu’un à qui parler de ce que l’on vit.

En ce qui me concerne plus particulièrement, je dirai que le fait d’avoir eu un appartement m’a beaucoup aidé. Car si je m’étais retrouvé dans un hôtel ou un centre pour réfugiés, je pense que ça aurait été bien plus compliqué. Et au vu, je dirai, des difficultés que j’ai traversées même en ayant un lieu de vie, je ne sais pas, mais je ne crois pas que j’en serai là où j’en suis aujourd’hui. Par conséquent je maintiens que d’avoir un appartement est très important pour que le reste des choses puissent également avancer. Mais je tiens à signaler, que si je n’avais pas mis en place un suivi, je dirai même plus un réseau (Pascal, Anne François,  Dr. Wenger, AS, etc.) cela aurait été bien plus difficile à certains moments surtout. Je dirai donc que l’appartement est le socle sur lequel s’appuyer pour construire tout autour, une vie.

Mais ce n’est néanmoins pas un outil magique. Alors j’insiste sur l’importance du suivi de la personne. Car il est important comme je l’ai dit de pouvoir parler et dire ce que l’on vit. Mais aussi pour entendre des choses moins plaisantes, mais nécessaires pour avancer.

Pour terminer, je dirai que grâce à tout cela j’ai pu me rendre compte que je pouvais traverser des difficultés sans produits, j’ai repris confiance en moi et que maintenant je peux m’engager dans des projets qui me font du bien.

Miguel Villar, bénéficiaire de l’appartement relais

Pôle Travail & Insertion – Ateliers

L’équipe des ateliers a jonglé tout au long de cette année avec beaucoup de vigilance entre le maintien de nos activités proposées à l’atelier et les normes sanitaires pour lutter contre la Covid 19. Même si parfois, il a fallu scinder les équipes en deux pour éviter les mélanges de personnes, nous avons toujours réussi à maintenir nos ateliers ouverts et réaliser nos mandats. 

Cela n’a pas été une mince affaire et pourtant tout s’est extrêmement bien déroulé puisque nous avons pu atteindre un taux d’occupation de 93%. 

Nos bénéficiaires ont pu contribuer à l’agrandissement de notre rucher et à la construction de chenils. En effet, deux chenils sont prêts à accueillir les chiens de nos bénéficiaires sur chacun de nos sites résidentiels. Nous avons aussi construit un enclos et deux cabanons pour héberger deux chèvres pour le projet de médiation animale mené par le Toulourenc. 

Notre service d’entretien des espaces extérieurs a été très sollicité à la suite de la renaturation de la Drize. En effet, une partie des bords de cette rivière qui longe la propriété a été complètement modifiée et déboisée, l’un de nos cabanons de stockage a été détruit et à la place un verger a été planté. 

Quant à notre atelier cuisine, il a bien joué son rôle avec la confection des repas pour nos deux résidentiels.

L’activité occupationnelle et le sentiment d’utilité restent toujours aussi importants et nécessaires aux yeux de nos bénéficiaires et le taux de participation de 93% le reflète bien.

Afin de promouvoir les articles construits dans nos ateliers, nous avons travaillé sur un projet de shop en ligne. Ce projet verra le jour en 2022 et il sera possible de commander en ligne nos ruches ainsi que tout le matériel apicole, divers objets en bois et bien sûr le miel de l’année. 

En termes d’insertion professionnelle, quelques bénéficiaires ont mené à bien leur projet de formation comme agent d’exploitation ou encore auxiliaire de santé. La réussite de ces formations leurs a permis d’accéder à des stages de mise en situation professionnelle. 

Nous profitons de remercier la Ville de Lancy et, particulièrement le service environnement espaces verts, qui a accepté d’accueillir un de nos bénéficiaires comme stagiaire. Bien évidemment, nos remerciements vont également à la Commune de Troinex et à l’Église Arménienne pour la confiance qu’elles nous témoignent en nous octroyant quelques mandats d’entretien extérieur depuis de nombreuses années. 

Nos remerciements s’adressent aussi à toute l’équipe des ateliers pour l’excellent travail fourni ainsi qu’à nos bénéficiaires qui partagent chaque jour le meilleur d’eux-mêmes dans le cadre de nos activités. 

Sabine Zuliani, responsable Pôle Ateliers & Insertion

Témoignage d’un résident logeant dans l’un de nos appartements protégés depuis avril 2021

Quels avantages trouves-tu à vivre, à l’extérieur du résidentiel, dans un appartement protégé, tout en faisant toujours partie des résidents du Toulourenc ?

– Les avantages : pas besoin de dire lorsque je rentre ou lorsque je sors. Je suis plus indépendant. Je ne vis plus les inconvénients de la vie en communauté (bruit, mauvaises influences, propositions de produits, …). Je peux plus me concentrer sur moi.
Challenge de bien tenir l’appartement, peur de le perdre si je ne répond pas aux exigences.

Quels inconvénients trouves-tu à vivre, à l’extérieur du résidentiel, dans un appartement « protégé », tout en faisant toujours partie des résidents du Toulourenc ?

– Je n’ai pas de professionnel à qui parler directement sur place en cas de besoin ou d’urgence. Les déplacements pour venir au Toulourenc.

Quelles sont les différences dans ton organisation journalière depuis que tu habites en appartements protégé ? (Occupation, travail, trajets, horaires, préoccupations)

– Je me réveille seul. J’ai dû m’adapter à l’organisation interne d’un immeuble en ce qui concerne la lessive.
J’ai dû prendre en compte les trajets pour aller travailler et me rendre à divers rendez-vous dans mon organisation quotidienne.
Ce qui pourrait me préoccuper ce serait de devoir revenir au Toulourenc. Je prendrais cela comme un retour en arrière. Je me préoccupe pour mon avenir.
Je dois aller me coucher beaucoup plus tôt depuis que je suis en stage sinon je suis trop fatigué. Le fait de se coucher tôt me donne l’impression de ne rien faire d’autre que de travailler et de dormir. Je n’ai pas de vie sociale la semaine, c’est pour cela que j’appelle le Toulourenc régulièrement lorsque j’ai besoin de contact.
En temps normal je n’ai pas besoin d’aide pour me lever, je suis une personne ponctuelle, j’ai très à cœur de respecter un règlement.

As-tu acquis de l’autonomie dans tes tâches /actions quotidiennes (ménage, courses, actions administratives, gestion de l’argent ?

Si oui, merci de nommer des exemples :

– Je fais mes courses tout seul. Je fais mes tâches ménagères seul. J’arrive à maintenir l’appartement propre et rangé. Je m’occupe d’envoyer mes documents à l’hospice général chaque mois seul, et je le fais parfois depuis le Toulourenc.
J’ai amélioré mon organisation pour avoir le temps de faire mon ménage et j’ai appris à gérer mes achats alimentaires en fonction de la grandeur de mon frigo. Je prends soin d’avoir toujours quelque chose à manger, des pâtes, des sauces, du pain.
J’avais déjà un peu l’habitude d’habiter seul. Pour mes paiements, je peux les faire sur mon jour de congé ou alors jusqu’à 19h. en semaine.

Comment occupes-tu tes soirées et tes week-end depuis que tu vis dans l’appartement protégé ?

– Je prends le temps de me promener, je fais parfois du vélo, jusqu’à présent je fais ces activités seul, par choix car j’ai préféré couper mes contacts antécédents pour me protéger. Actuellement je reprends contact peu à peu avec quelques-uns mais c’est difficile d’être confronté à leur consommation.
Sans l’alcool j’ai beaucoup plus de peine à entrer en contact avec les gens.

Qu’est-ce qui a changé ?Ces occupations sont-elles différentes de celles que tu pouvais avoir en résidentiel ?

– Je fais moins de sport, mais c’est surtout depuis que je travaille, j’allais courir le matin avant d’aller aux ateliers, maintenant je n’ai plus le temps d’y aller le matin et l’après-midi je n’ai pas le courage. Par contre, je fais tous mes trajets à vélo, ça m’aide physiquement.

Quels sont les changements que tu peux observer en termes de confiance en toi depuis que tu habites seul ?

– L’indépendance d’être à l’appartement m’aide à reprendre confiance, j’apprécie le sentiment de ne pas être contrôlé.

P.G.

Les Pôles résidentiels – Résidentiel de court et moyen terme, le CRMT

2021 reste une année de plus marquée par la pandémie de la Covid. Cette pandémie qui a des conséquences négatives dans les liens sociaux d’autant plus chez nos bénéficiaires qui peuvent être en perte de repères et dans des difficultés de santé physique et psychologique. La situation sanitaire a entrainé un stop des activités extérieures et un risque de repli sur soi encore plus important.

Au sein du CRMT nous avons donc renforcé l’animation durant cette période et la mise en place de différents projets a permis de maintenir des liens sociaux, des moments de plaisir et limiter l’impact sur la qualité de vie des bénéficiaires déjà mise à mal avec la consommation de produits.

Le projet four à bois commencé pendant le confinement en 2020 est arrivé à son terme en 2021. Cette construction de four a nécessité la participation de plusieurs bénéficiaires et éducateurs. Cette activité a été propice à la réémergence de compétences pour certains dont c’était le métier. Autour de ce four à bois se sont créées des soirées pizza entre bénéficiaires et équipe éducative qui ont été très appréciées. 

Donner du sens dans le faire, c’est aussi l’objectif du jardin potager qui a vu le jour au CRMT. Avec l’implication de plusieurs bénéficiaires qui ont travaillé la terre et ont pris soin des plantations, c’est un espace de dialogue, d’échange et de partage qui s’est créé.

2021 n’a certes pas été une année facilitée mais elle a cependant permis de repenser les espaces de partages, la créativité dans les projets et remettre au centre de la prise en charge de nos bénéficiaires l’essentiel : le lien social.

Coraline Majoral, responsable du CRMT

Les Pôles résidentiels – Résidentiel de vie à durée adaptée, le TOULOURENC

« Tout changement est difficile au début, compliqué au milieu et magnifique à la fin »

Robin Sharma.

Comme chacun le sait, comme chacun d’entre nous l’a vécu, entendu, lu et vu l’année 2021 aura été une année particulière pour chacun de nous. Dans la continuité de 2020 placé sous le signe de la Covid, l’année 2021 aura été celle des confinements, des déconfinements partiels, des mesures de protection sanitaires à adapter et à faire vivre auprès des bénéficiaires et des salariés… Bref un casse-tête parfois complexe à gérer et à vivre au quotidien tant pour les bénéficiaires du Toulourenc que pour les collaborateurs.ices du lieu.

Malgré toute cette actualité et ses conséquences sur la vie personnelle et professionnelle de chacun.e le Toulourenc a été acteur dans un certain nombre de projets comme la mise en place d’un projet expérimental de médiation animal avec l’accueil de Joy et Snoky, 2 chèvres réformées d’une laiterie.

Argos fut également acteur dans un projet pilote mis en place par le GREA sur la thématique de « Handicap et Addiction » en mandatant un collaborateur du Toulourenc pour participer à ce projet. L’objectif étant de développer une technique d’entretien adaptée à une population présentant des troubles cognitifs plus ou moins importants.

Enfin le Toulourenc a participé à des journées de réflexion sur le thème de la plus-value des résidentiels avec la participation au groupe de pilotage pour la préparation d’assises franco-suisse sur la question ; ainsi que sur un groupe de réflexion « Réseau Transfrontalier en Addiction » regroupant des structures françaises et genevoises.

En parallèle à cela les processus de réflexions et d’améliorations internes au Toulourenc se sont poursuivis : prestation adaptée à une population vieillissante, la notion de consommation non problématique et ses conséquences sur l’individu et son environnement social proche. Durant cette année 2021, l’équipe du Toulourenc a également vécu le départ d’une collaboratrice pour un nouveau challenge professionnel et de fait l’accueil d’un nouveau collègue issu du travail de rue.

Je profite enfin de ce rapport d’activité pour remercier une nouvel fois mes collègues du Toulourenc, mes collègues du Collège de Direction ainsi que les membres du Comité pour leur soutien, confiance et disponibilité en cas de besoin. Je remercie également les résidents du Toulourenc qui ont su nous faire confiance et ont dû se soumettre à des dispositions parfois lourdes et complexes dans un vivre ensemble mis à mal.

Nicolas Stock, responsable du Toulourenc

Le Toulourenc, pôle résidentiel
La pharmacie du CRMT

Le team santé – focus de l’infirmière de liaison

Le Team Santé :

Le Team Santé a fonctionné dans sa nouvelle organisation durant toute l’année 2021 et a poursuivi sa mission première de coordination des soins au sein d’Argos. Afin d’assurer une approche transversale de notre pratique, les infirmières des pôles résidentiels ont opéré une rocade de 2 semaines pour bien s’imprégner de la réalité de chaque lieu.

En juillet 2021 nous avons accueilli notre nouveau médecin répondant, la Dr Muradbegovic, avec laquelle nous avons mis en place de nouvelles modalités numériques (Teams) afin de rendre notre communication plus efficiente et notre collaboration plus fluide.

Collaboration réseau extérieur :

La collaboration avec le réseau genevois en addictologie s’est maintenue surtout par visioconférence. Au vu de la situation sanitaire, pour la deuxième année consécutive, nous n’avons pas pu proposer de présentations de notre association et nous nous réjouissons de pouvoir reprendre cette activité en 2022.

Nous accueillons toujours dans nos résidentiels des personnes bénéficiant du programme PEPS et avons dû pour cela nous adapter aux nouvelles fonctionnalités de ce programme (fermeture de certaines plages horaires par exemple).

Nous avons débuté avec la pharmacie partenaire du CRMT la mise en place de la livraison des traitements sous forme de sachets en rouleaux (dose pharma) afin de faciliter la gestion des traitements pour l’équipe éducative.

L’infirmière de liaison porte la coordination de la plateforme santé du GREA qui a vu le jour en 2021 et le Team Santé dans son ensemble en fait partie. Dans l’intérêt de rendre plus visible le travail du team santé à Argos, l’infirmière de liaison a rédigé un article sur notre travail paru dans le magazine Dépendances (automne 2021).

Gestion des risques :

Concernant la réanimation, nous avons suivi le cours de réactualisation d’instructrices BLS-AED. Suite à la publication des nouvelles normes SRC (tous les 5 ans) nous avons mis à jour notre cours pour obtenir une recertification de celui-ci par le SRC. Ainsi nous avons pu dispenser le cours de réanimation (refresh ou complet) à 21 collaborateurs.ices.

L’infirmière du Toulourenc a dispensé un cours sur la réduction des risques à toute son équipe afin d’augmenter les ressources et les compétences de chacun dans l’accompagnement des résidents.

L’infirmière du CRMT a produit un document sur le diabète à l’usage des travailleurs sociaux qui a permis d’accueillir une personne souffrant de cette maladie dans nos structures.

Covid 19 :

Le Team Santé a été présent sur le front de la Covid à différents niveaux :

– Suivi de l’évolution des mesures sanitaires au niveau fédéral et cantonal et mise à jour de l’application de celles-ci au sein d’Argos.

– Accompagnements des bénéficiaires dans le processus de dépistage, de vaccination et d’obtention de leurs certificats Covid.

– Mise en place et suivi des dépistages systématiques demandés aux collaborateurs non-vaccinés.

Système qualité SMQ :

Tous les documents du système qualité relatifs à la santé ont été réévalués et mis à jour par le Team Santé. De nouveaux documents ont aussi vu le jour.

Réflexions – Projets en cours – Perspectives 2022 :

Le Team santé a travaillé sur plusieurs projets qui sont toujours en cours :

– Nous avons approché la Haute école de Santé afin de connaître les modalités d’accueil pour un étudiant en soins infirmiers. En effet, le travail infirmier dans une structure socio-éducative nous semble très intéressant dans un parcours de formation et très stimulant pour notre pratique.

– Nous avons mené une réflexion sur le CBD afin de dissiper un flou et de clarifier les règles d’usage de cette substance au sein des structures résidentielles.

– Nous souhaitons développer une formation en réanimation spécifique pour les bénéficiaires.

– Nous pensons important de réfléchir l’année prochaine à une formation interne sur les produits psychotropes et les traitements au sens large afin que chaque collaborateur.ice puisse s’appuyer sur des notions de base communes.

– Afin d’augmenter les compétences en lien avec la santé mentale, l’infirmière du Toulourenc débutera en 2022, un CAS en psychiatrie clinique.

Aline Iacoviello-Villard, infirmière de liaison 

Le point de vue du Système Management Qualité

En juin 2021, j’ai été engagée en tant que nouvelle responsable du système de mangement de la qualité pour Argos.

En septembre 2021, à la suite d’un audit SQS, nous avons obtenu la recertification ISO 9001 :2015 et QuaThéDa 2020 sans aucune non-conformité retenue.

J’ai entrepris plusieurs formations :

– Avec le centre national de coordination des addictions – InfoDrog pour la norme QuaThéDa (Qualité Thérapie Drogue Alcool) qui permet le développement de la qualité dans le domaine de l’addiction et 

– Avec l’Association Suisse pour Systèmes de Qualité et de Management (SQS) qui propose des prestations globales et indépendantes pour l’évaluation et la certification de la qualité de l’entreprise. 

Je vais pouvoir ainsi reprendre en charge cette mission et donner à notre système la performance nécessaire à maintenir la qualité dans l’encadrement de nos prestations et de notre activité,  valoriser le travail de l’ensemble du personnel et permettre la mesure des actions et de leur transparence.

Depuis 2021, nous nous sommes engagés avec l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices à participer à la mise à jour de tous les documents afin d’actualiser et satisfaire aux exigences demandées par la certification.

Chaque entité de notre association ; les pôles ambulatoire, résidentiel, de travail et insertion, santé et de management global, avec l’aide des agents de qualité et des responsables, a entrepris un travail de « toilettage », de suppression et de mise à jour des processus.

Les améliorations recommandées par notre auditeur sont toujours une base essentielle du travail d’amélioration du système et nous y travaillons afin d’être attentif au bien-être de nos bénéficiaires, de nos partenaires et prestataires et de l’ensemble de notre personnel. 

Pour répondre aux normes ISO 9001 – QuaTheDa, nous organiserons en 2022 un questionnaire de satisfaction des bénéficiaires du Centre de jour l’Entracte, des résidentiels du CRMT et du Toulourenc ainsi que des ateliers occupationnels et d’insertion professionnelle. 

Cette enquête participera, en collaboration avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et grâce à l’outil en ligne développé par InfoDrog à la première enquête national QuaTheSI.

Prochain audit de suivi de la recertification ISO 9001 : 2015 et QuaTheDa 2020 est fixée en septembre 2022.

Cécile Bernal, responsable système management qualité

Statistiques et indicateurs 2021

Pôles résidentiels

CRMT

Toulourenc

Total

2020

Nombre de places disponibles 12 13 25 25
Nb de journées facturées 2770 3030 5800 6928
Entrées effectuées dans l’année 23 9 32 40
Total de séjours 29 21 50 55
Durée moyenne de séjours (en jour) 274 794
Sorties effectuées dans l’année 25 12 37 35
Séjours en cours au 21 décembre 2021 4 9 13 20
Taux d’occupation 63,2% 63,9% 63,55 % 75,15 %

 

 

Pôle travail et insertion*

Total places

Nombre de places disponibles 4* 14
Nb de journées facturées 522
Entrées effectuées dans l’année 8
Total de séjours 9
Durée moyenne de séjours (en jour) 97
Sorties effectuées dans l’année 9
Séjours en cours au 21 décembre 2021 0
Taux d’occupation 52,20 % 93 %

* Concerne que les personnes inscrites en occupationnel de jour mais ne séjournant pas en résidentiel la nuit

 

Pôle ambulatoire – l’Entracte

2020

Nombre de places disponibles au centre de jour 12 12
Nb de passages, de dossiers traités 4509 3446

Moyenne d’interventions par jour

15

19

Moyenne d’entretiens réalisés par jour 9 12
Moyenne d’interventions administratives par jour 7 8
Taux d’occupation (sur 250 jours ouvrables) 150,30 % 115,8 %

 

Remerciements

Nous exprimons nos remerciements au département de la cohésion sociale pour le soutien qu’il apporte à notre activité. Au service des sport de la Ville de Genève pour la mise à disposition des installations sportives.

Aux communes genevoises

Au département de santé et de médecine communautaire

A la Fondation « Plein-Vent », Émile, Marthe et Charlotte E Rüphi

Aux membres de l’association

Aux donateurs et donatrices anonymes

Ces remerciements s’adressent également à toutes les personnes qui de près ou de loin soutiennent notre action.

Les personnes suivantes ont collaboré à la réalisation de ce rapport :

Christophore Mani, président

Richard Zalisz, directeur

Cécile Bernal assistante de direction

Pascale Dupont, Coraline Majoral, Sabine Zuliani, Nicolas Stock et Aline Iacoviello-Villard

Conception et création pour le site internet

BuxumLUNIC communication, buxumlunic.ch

Photos

Vincent Zilioli et Richard Zalisz