Rapport d’activité 2018

Les messages

Monsieur Thierry Apothéloz, Conseiller d’Etat
Christophe Mani, président d’Argos

Les rapports

Direction :
Pôle travail « les Ateliers »
Pôle résidentiel à court et moyen terme « le CRMT »
Pôle résidentiel à durée adapté « le Toulourenc »
Team santé « Les points marquants »
Système qualité : « Le point de vue du Management qualité »

Statistiques

Statistiques générales 2018

Bilan et comptes

Rapport de l’organe de contrôle
Bilan et comptes 2018

Les organes de l’association

Remerciements

Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique ; ils ont à la fois valeur d’un féminin et d’un masculin.

Message du Conseiller d’État Thierry Apothéloz

Dans cette fin de deuxième décennie du XXIè siècle, la dépendance aux psychotropes constitue toujours un défi majeur pour notre société, sur le plan sanitaire, médical, social et psychologique. Elle pose en outre la question de la place que notre communauté humaine donne à celles et ceux dont la trajectoire de vie est heurtée par une addiction. Depuis 40 ans, Argos y répond de la plus noble des manières en accueillant, en hébergeant et en protégeant les usager.ère.s. Retrouver son rôle de citoyen.ne à part entière, et même imaginer un retour à une vie professionnelle présuppose une stabilisation de son état médical, dans un cadre de vie sécurisant.

On observe que les personnes dépendantes placent de nombreux espoirs et attendent beaucoup de la part des institutions dont la mission est de les accompagner dans le chemin de l’abstinence ou de la consommation contrôlée. Cette dimension traduit la part d’interaction sociale que ces femmes et ces hommes recherchent, parfois même inconsciemment. L’on ne sort pas d’une addiction aux substances seul.e. Être entouré.e, motivé.e et accompagné.e est essentiel.

Les ateliers apparaissent notamment comme des plateformes de socialisation et d’apprentissage dans lesquels les résident.e.s se forment d’une part, mais acquièrent d’autre part des connaissances pour elles-mêmes ou eux-mêmes, notamment nutritionnelles. Découvrir des activités ou décrocher une place d’apprentissage comme cela a été le cas pour un résident l’an passé rappellent à quel point les efforts communs des bénéficiaires et des collaborateurs.trices de l’association bâtissent une plus dense cohésion sociale.

Célébrer les 40 ans d’Argos comme nous l’avons fait en 2018, c’est célébrer aussi le combat de celles et de ceux qui, grâce à ce soutien, parviennent à faire face et à remonter la pente. Ce combat est dur, il est surtout long. Le travail d’Argos n’a rien à voir avec l’immédiateté. Il s’agit au contraire d’une course de longue haleine, faite de petites victoires du quotidien et de progrès qui se font pas après pas, de rechutes aussi, parfois. Mais ce combat ne peut se faire sans des personnes engagées et qui ont foi en leur travail. C’est, j’en suis convaincu, la marque de fabrique d’une association telle que Argos.

Le réseau entre acteurs associatifs, socio-judiciaires et médicaux trouve sa force notamment dans l’approche pluridisciplinaire promue par ces derniers. Dans ce réseau fort, Argos résiste aux pressions inhérentes à un domaine tel que celui des addictions, avec des situations vécues par les usager.ère.s toujours plus complexes, et bénéficie d’une expérience et d’une légitimité qu’il faut saluer.

En cette année 2019 qui verra le départ à la retraite de trois piliers de l’association, Hervé Durgnat, le directeur, Pierre Mancino et Gérald Thévoz, je veux tout spécialement leur exprimer ma profonde reconnaissance pour leur engagement de plusieurs décennies dans l’accompagnement des personnes dépendantes. Et leur souhaiter une nouvelle étape de vie remplie de joie, avec la sérénité de savoir que l’association qui leur est chère poursuit son magnifique chemin.

Thierry Apothéloz
Conseiller d’Etat

Message du président d’Argos

40 ans, plusieurs pages qui se tournent et une mission qui se poursuit

L’association genevoise pour la création de dispositifs en faveur des toxicomanes, devenue par la suite Argos, est créée en 1978 avec le soutien et l’impulsion des autorités genevoises, dans une ambiance de médiatisation importante des dégâts causés par l’usage de drogues.
Le Toulourenc avait alors pour vertu de permettre à des jeunes gens ayant perdu leur libre arbitre sous l’emprise de l’usage de drogues, d’établir une rupture totale avec leur milieu en se mettant à l’abri pour se reconstruire. Des professionnels pour qui la problématique était encore nouvelle les accompagnaient dans leurs démarches.

La conviction de respect de l’autre et de la vie humaine a été le moteur d’Argos durant ces 40 ans, au gré des adaptations mises en place années après année. Conviction dans le fait que quelle que soit la gravité de sa situation, chacun a la possibilité de rebondir.
Certes, il y a aussi des moments de doutes. Doutes vécus par les résidents et bénéficiaires, doutes ressentis aussi par les professionnels qui n’ont jamais perdu leur professionnalisme.
Entrer dans la drogue et se retrouver en situation de consommation problématique peut parfois aller relativement vite. En sortir est souvent une gageure. D’autant que le contexte social et économique s’est durci.

Le travail de prévention nécessaire dans ce domaine est aussi un travail de prévention des difficultés sociales et culturelles. L’absence de formation et l’absence de sentiment d’appartenance sont autant de situations génératrices de vulnérabilités favorisant l’usage de psychotropes, légaux ou non.

C’est pourquoi nous ne pouvons que nous réjouir de la création du nouveau département de la cohésion sociale, département de tutelle d’Argos. Son Conseiller d’État Thierry Apothéloz a fait de la lutte contre les inégalités sociales et la pauvreté son cheval de bataille. Afin de poursuivre le développement de politiques sociales adaptées, le tissu associatif dont fait partie Argos a sa place à part entière dans le dispositif. Il permet d’être au plus proche des réalités des personnes concernées, en jouant un rôle d’observatoire des réalités sociales et en les dénonçant parfois.
Argos a fêté ses 40 ans en 2018. L’occasion de remercier et de féliciter toutes celles et ceux qui se sont engagés dès la première heure et s’engagent encore aujourd’hui. En particulier le collège de direction, les employés et les membres du comité.

Depuis 2 ans, plusieurs départs à la retraite ont ponctué la vie des équipes. 2019 marquera véritablement la fin d’une génération, avec les départs successifs de Pierre Mancino, Gérald Thévoz et Hervé Durgnat, notre directeur tant apprécié. Toutes ces personnes ont marqué de leur empreinte le quotidien d’Argos depuis tant d’années. Ce sont essentiellement les relations sociales qui ont fait la richesse d’Argos. L’heure est donc à l’émotion, l’heure est à la transition et à la transmission. La jeune génération de professionnels est déjà bien affutée pour continuer à construire sur ce qui a été et sur ce qui est aujourd’hui.

Argos continuera à faire preuve de vitalité, car ce sont bien ce présent et l’avenir qui continuent à animer la flamme des membres de l’équipe et du comité.

Christophe Mani, président

Message de la direction

« Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès »

Nelson Mandela

Cette année 2018 a été marquée par notre quarantième anniversaire. Celui-ci s’est déroulé avec nos invités, sous les auspices d’une magnifique journée et soirée. L’esprit de convivialité, de partage et de chaleur humaine s’est répandu dans le très beau jardin du Toulourenc.
Les mots exprimés par notre nouveau Conseiller d’État, Monsieur Thierry Apothéloz et particulièrement ceux exprimés par Madame Jeanne Attarian, membre fondatrice, nous ont tous très touché. Je tiens encore ici à les remercier pour ces messages d’encouragement, ainsi que toutes les équipes d’Argos pour leur implication dans l’organisation de cette très belle manifestation.

Les lumières, la musique et les odeurs de fêtes me suivent encore.
40 ans, un bel âge de raison… Un long parcours avec des hauts et des bas, des doutes, des remises en question, mais toujours avec de nouvelles adaptations et propositions d’action. C’est dans notre ADN. Rester toujours proches des besoins des personnes qui font appel à nous avec leurs réseaux. Rester proche et ensemble, pour accompagner une démarche de soin.

Toutes nos actions se sont articulées dans un travail de réseau, médical, pénal, et social du canton. Tout notre dispositif permet d’offrir aux personnes, qu’elles soient en séjour résidentiel ou en ambulatoire, la possibilité de favoriser et de mobiliser leurs compétences pour leur permettre de se réorienter dans une meilleure santé et vie sociale. Tel est notre objectif.
Les principaux enjeux actuels sont de pouvoir maintenir cette offre de type social dans un environnement fortement représenté par le monde médical, privé ou institutionnel, psychiatrique ou somatique. Les modalités différentes du système assuranciel actuel et celui de l’aide sociale, peuvent se concurrencer et nous conduire par cet effet dans une offre qui s’adresserait uniquement aux personnes les plus précaires. Nous devrions nous interroger à l’avenir sur un modèle plus complémentaire et interdisciplinaire par un financement mixte de nos prestations. Ceci permettrait un meilleur accès aux personnes en situation économique plus favorable d’avoir recours aussi à la possibilité de nos services.

Après avoir travaillé 35 ans à Argos, dont 18 ans au sein de la direction, je signe ici mon dernier message. Ce n’est pas sans une certaine émotion que je vis ce moment singulier d’une vie professionnelle. Celle-ci avait déjà débutée par les différents départs à le retraite l’année passée, dans les structures, qui ont conduit notre comité à nommer, Richard Zalisz comme responsable du CRMT et Pascal Dupont comme responsable du centre de jour l’Entracte. Sachant d’autre part que mon départ en retraite en 2019, sera aussi celui de Pierre Mancino, mon suppléant et responsable du Toulourenc et celui de Gérald Thévoz, responsable de notre système qualité. À nous trois, nous comptabilisons 95 ans d’expérience dans notre domaine d’activité.
Grands changements en perspectives pour nous et ceux qui vont nous succéder.

Avant de poser ma plume, je voudrais encore ici, remercier tous les usagers et usagères, tous les membres de notre réseau, tous les membres de l’association, son comité, mes collègues du collège de direction et toutes les équipes d’Argos, pour leur soutien et confiance témoignée.
À ceux qui me lisent, je vous adresse mes vifs remerciements, mon parcours a été une magnifique vie professionnelle, riche d’humanité et de solidarité.

Hervé Durgnat, directeur

Pôle Ambulatoire, centre de jour L’Entracte

La croissance des demandes ambulatoires que nous avions enregistrée l’année précédente s’est encore accentuée cette année. L’ensemble de nos prestations données à l’Entracte ont été en augmentation (entretiens individuels, passages, repas, démarches diverses, contacts avec les partenaires professionnels, etc). Les situations de nos bénéficiaires restent très complexes et la nécessité d’un travail de réseau très rapproché est fondamentale.

Nos bénéficiaires ont donc été très présents et un bon dynamisme collectif a été vécu. La demande en diverses activités et animation a été très forte. Nous avons organisé à maintes reprises différentes sorties qui ont eu un bon succès. Ceci nous a obligé à reprendre une réflexion autour de la notion de l’animation, de sa gestion et de son organisation. Ces moments de loisirs ont eu, pour certains, un impact « thérapeutique » que nous avons observé lors de nos entretiens individuels. Ce constat nous conforte dans notre volonté de développer des prestations de ce type au sein d’Argos, mais de manière plus transversale avec nos collègues des résidentiels.

En ce qui concerne les admissions dans nos résidentiels, elles ont été également en légère augmentation. Par contre, nous avons constaté que la durée des séjours a été plus courte cette année (constat fait principalement pour le CRMT) alors que la durée moyenne du processus d’admission a été en augmentation. Les explications de ce phénomène ne sont pas très claires, mais quelques hypothèses peuvent être posées : la fragilité psychique et la désocialisation sont continuellement en augmentation, la consommation de cocaïne et d’alcool nous semble à nouveau très fréquente. Ces substances fragilisent encore plus nos bénéficiaires et rendent leurs suivis très labiles.
D’autre part, toujours dans le cadre de nos admissions, nous avons dû refuser un nombre important de situations qui nous ont été adressées. Malheureusement, toutes ces personnes refusées présentaient un trouble psychiatrique bien trop important pour que l’on puisse les intégrer dans nos structures résidentielles. Ces personnes demandaient un encadrement médico-psychiatrique que nous ne possédons pas, mais cela n’empêche pas que le besoin est prédominant. Il y a là un manque évident à combler.

En conclusion un projet résidentiel se fait rarement dans un contexte d’urgence, mais se construit souvent au travers d’une période fragile où un regard sur soi et sur sa situation émerge. Afin que cette réflexion puisse se faire, les bénéficiaires doivent, pour un moment précis, être dans un contexte de sécurité. Ce « contexte de sécurité » est aujourd’hui principalement soutenu par une aide ambulatoire, ce qui ne nous semble pas suffisant. Ce postulat va certainement obliger Argos à revoir son accessibilité afin d’être toujours au plus près des besoins des personnes que nous côtoyons. Les difficultés médico-psychosociales de ces dernières semblent être de plus en plus précaires et complexes.

Pascal Dupont, responsable pôle ambulatoire

Pôle Travail – Ateliers

93% ! Ce chiffre représente le taux d’occupation de notre atelier d’expérimentation. Ce ne sont pas moins de 38 résidents qui ont fréquentés nos ateliers en 2018. Ces personnes avaient prévu de venir à 2281 demi-journées, mais force est de constater qu’elles n’en ont réalisées que 1456, ce qui représente un taux moyen de participation effective de 64%. Nous relevons que les demi-journées non effectuées sont dues principalement à des devoirs administratifs ou médicaux. De plus, 9 personnes étaient dans notre programme « semi-résidentiel de jour ».

Nouveauté ! Ouverture d’un Atelier Cuisine avec l’engagement de Thibaud Lodé, cuisinier professionnel, qui accueille 2 résidents par jour de 9h à 12h pour confectionner les déjeuners et diners de nos deux résidentiels, ce qui représente environ 35 repas par jour. L’objectif principal de cet atelier est de permettre aux résidents d’acquérir de bonnes bases nutritionnelles et par la même occasion de prendre soin de leur corps.

Formation ! Plusieurs de nos résidents entreprennent des formations telles que cours de langues, de dessin, de musique programmée par ordinateur et l’un d’entre eux a réussi à décrocher une place d’apprentissage de jardinier auprès de la Fondation des Evaux.

40ème d’Argos ! Par le biais de nos ateliers, les résidents se sont beaucoup impliqués pour la décoration de cette fête d’anniversaire. Avec la construction de plusieurs bars et du logo du 40ème, la confection de décorations de table et l’aménagement du jardin, les convives ont pu profiter pleinement du site.

Activité de réinsertion ! Nous avons à nouveau accueilli un bénéficiaire de l’Hospice général pour une activité de réinsertion. D’après cette personne, les activités et les horaires que nous lui avons proposés, lui ont permis de reprendre un rythme de vie régulier, d’organiser ses loisirs et ne plus rester enfermée chez elle et de se reconstruire physiquement. Autre aspect non négligeable : se sentir utile et avoir un objectif dans sa journée. Travailler, lui a permis d’avoir, elle aussi, quelque chose à raconter sur sa journée. La confiance en elle retrouvée, elle se dit prête à gravir le prochain échelon de sa réinsertion professionnelle.

Sabine Zuliani, responsable pôle Travail

Résidentiel de court et moyen terme, le CRMT

2018 a été marquée par le départ à la retraite de Madame Marion Ravussin qui a œuvré durant de nombreuses années pour l’association Argos et dans le dispositif résidentiel. Madame Marie France Horber durant cette même année a souhaité nous quitter pour de nouvelles orientations après une longue collaboration.
Leur investissement aura été marqué par leur bienveillance dans cet accompagnement bio psycho social auprès de nos bénéficiaires dont le parcours peut s’avérer souvent houleux pour sortir d’une addiction. Leur conscience professionnelle et leur engagement au long de ses années ont été appréciés au sein de l’équipe professionnelle. Nous les remercions vivement de cette collaboration et leur souhaitons une excellente retraite pour l’une et nos vœux de réussite dans leurs nouvelles orientations.

Au 1er juin de cette année, après une procédure de recrutement ma candidature a été retenue pour reprendre le poste de responsable d’équipe du CRMT.

Nous sommes donc entrés dans une aire de recrutement tout au long de cette année qui a vu l’engagement d’une première collaboratrice au 1er avril Madame Léa Di Paolo et la seconde au 1er novembre Madame Veronica Longo et d’un nouveau veilleur, Monsieur Laurent Ferrero.

Malgré tous ces changements RH importants, l’équipe a poursuivi avec assiduité son engagement professionnel, réflexif dans l’accompagnement de nos bénéficiaires tout en intégrant les nouveaux collègues.

Concernant nos bénéficiaires, nous avons eu un taux d’occupation conséquent durant cette année avec notamment un pourcentage de séjours concernant les femmes plus élevé que d’habitude, dépassant les 50%.
Nous avons accueilli deux jeunes de moins de 25 ans, mais aussi une personne de 67 ans. Le spectre de l’âge est large et nous a obligé à repenser certaines de nos prestations internes voir de les adapter aux vues de ces situations.
Nous avons collaboré étroitement avec nos divers partenaires du réseau tel que le Sapem, les Cappi, l’Hospice Général, l’A.I./SPC étant donné que nous avons accueilli en nos murs des bénéficiaires en provenance de ces divers secteurs.

Nous constatons que nous sommes confrontés dans bien des situations actuelles à des problèmes de santé somatiques importants, mais aussi face à des troubles du comportement. Cela a nécessité un partenariat plus soutenu et rapproché avec les services de soins concernés afin que nous puissions offrir un accompagnement socio-éducatif au plus près des réalités de chacun et de leurs besoins tenant compte de leur santé fragile.
Les problèmes somatiques et psychiques sont en recrudescences. Cela impacte l’accompagnement dans les premières semaines de séjour notamment où une accentuation doit être mise sur la nécessité d’accompagner nos bénéficiaires vers les différents et variés dispositifs de soins existants.

Durant cette année, nous avons sensiblement amélioré notre accueil en créant des espaces plus intimes et plus dignes pour nos bénéficiaires.
L’implémentation d’un atelier cuisine au sein du résidentiel, nous a amenés à modifier notre espace et créer un nouveau réfectoire.
Tous ces aménagements ont pu se faire en collaboration avec le pôle Ateliers d’Argos, nos résidents et des personnes venant du semi résidentiel également. Une excellente synergie est apparue dans ces moments communs.

Un passage de témoin s’est fait entre le cuisinier, maître socio-professionnel et l’équipe socio-éducative qui avait la charge auparavant de mener à bien la gestion de la cuisine.

Je tenais à remercier chaleureusement tous les participants confondus pour leur investissement à ces réalisations.

L’équipe a entamé une réflexion sur les postures professionnelles et sur l’offre des prestations internes du résidentiel tenant compte des aspects sus mentionnés. Marc-Henry Soulet, responsable de la Chaire de travail social et politiques sociales de l’université de Fribourg, évoque le travail social palliatif comme une réalité dans ces prochaines années à venir. Face à une société toujours plus exclusive dit-il, cela nous oblige aujourd’hui à nous inspirer et intégrer une logique provenant de la réduction des risques.
Conscient de la rapidité d’évolution sociétale au sens large, on entend parler de précarisation de cette population souffrant d’addictions en sus d’une vulnérabilité grandissante, nous devons donc adapter nos projets à venir, être créatifs en tant que « logeurs » afin de répondre toujours au plus près aux besoins et désirs de chaque bénéficiaire et répondre ainsi aux préoccupations partagées par l’ensemble de nos prestataires.

Je tenais en tant que responsable à remercier l’ensemble de mes collègues du collège de direction ; l’équipe pour son dévouement, et l’engagement qu’elle assure à chaque instant dans l’exercice de sa pratique professionnelle. Remercier également le comité d’Argos et son président, Monsieur Christophe Mani, pour leur soutien permanent et leur reconnaissance.

Richard Zalisz, responsable du CRMT

Résidentiel de vie à durée adaptée, le Toulourenc

L’accompagnement des personnes souffrant d’addiction offre au moins trois options.
La première, est d’être dans une prestation au plus proche de la réalité de la consommation et des conditions de vie des personnes dans la rue ou vivant dans des conditions de grande précarité.
La deuxième est de proposer une expérimentation d’abstinence pour celles et ceux qui ne peuvent pas rester dans une consommation engendrant trop de risques et de dommages pour leur vie.
La troisième est celle de partager avec les usagers consommateurs au quotidien un apprentissage et une posture personnelle d’une consommation ne péjorant pas leur existence. Et enfin, inscrire comme une réalité aujourd’hui incontournable, l’usage de psychotropes responsable ou non dans la société.

C’est pour relever ce défi sociétal qu’Argos a choisi une nouvelle fois, d’adapter son dispositif d’accompagnement au Toulourenc et ainsi définir comme objectif : « Développer et avoir -pour les usagers- la capacité de mener une vie responsable, de gérer cette vie de façon satisfaisante pour soi-même et pour autrui. »
Dans le prolongement de la réflexion sur la notion de consommation non problématique, l’équipe s’est penchée sur la question de la Réduction des risques (RDR) en résidentiel, qui parait aujourd’hui, inévitable dans le processus d’accueil et d’accompagnement des personnes consommatrices de drogues dans notre résidentiel.

Cet élargissement de l’offre définit une légitimation de notre programme. En effet, une plus grande prise en compte des modes de consommation renforce notre expertise vis-à-vis des problématiques des usagers et intensifie notre accompagnement aux yeux des partenaires.

Une posture d’accompagnement décomplexée sur la réduction des risques en résidentiel aura pour effet – comme nous l’avons vu dans la mise en place du projet de consommation non problématique – de travailler avec les résidents-es dans une plus grande transparence, d’être au plus près de leur réalité et dans l’abandon du sentiment de honte et de culpabilité qu’engendre la prise de substances. Ces deux derniers points étant souvent un frein au rétablissement.
Le but final étant le développement les compétences des bénéficiaires pour une auto efficacité accrue et l’expression responsable de ses droits et devoirs en matière d’usage de drogue.

Ce projet vient bien évidemment impacter les pratiques professionnelles et redéfinir les postures. Plus de 25 ans après les scènes ouvertes, le questionnement des savoirs et le développement des bonnes pratiques restent fondamentaux pour le bien-être des usagers-es, ainsi que pour le bien vivre ensemble.

Pierre Mancino, responsable du Toulourenc

Le team santé – focus de l’infirmière de liaison

2018, première année complète avec un team santé constitué d’une infirmière de liaison et deux infirmières, une dans chaque résidentiel :

Nos interventions nous ont permis de mettre en évidence les thématiques suivantes

Prise en charge des comorbidités somatiques et psychiques en résidentiel

L’infirmière de liaison a pu être plus disponible et plus présente lors des processus d’admission avec l’équipe du centre de jour, ce qui a été très utile, voire nécessaire, notamment lors d’entrée « directe ».
La moitié des entrées en résidentiels se sont faites directement sans un passage par l’hospitalier. Nous nous sommes donc retrouvés avec une population moins stable en début de séjour, et ce notamment au niveau somatique. La pertinence de la présence des infirmières dans les résidentiels a pu être établie.
Nous avons travaillé toute l’année en collaboration avec le Dr Schrumpf et son passage à quinzaine dans les résidentiels semble être la bonne fréquence.
L’accueil de personnes présentant des pathologies diverses nécessitant un suivi de proximité nous a confrontés par exemple au traitement d’un cancer de la thyroïde à des pathologies respiratoires nécessitant des traitements spécifiques (aérosols, oxygène…) à un parkinson décompensé, mais aussi à des troubles psychiatriques.
Une journée de formation a d’ailleurs été organisée par l’infirmière de liaison pour tout le personnel d’ARGOS sur le thème de la santé mentale avec la présence d’un intervenant externe.

Gestion des risques

Les infirmières d’ARGOS se sont formées comme instructrices pour dispenser le cours de réanimation BLS-AED aux collaborateurs d’ARGOS. L’année 2018 a donc vu l’élaboration d’un cours spécifique qui a obtenu le label SRC. Fin 2018, les infirmières d’ARGOS peuvent donc proposer ce cours à l’interne.
Le document SMQ portant sur la gestion des personnes sous psychotropes en résidentiel a été évalué et validé courant 2018. Il représente un document de référence pour tous les collaborateurs qui font face à une personne sous psychotropes.
Par ailleurs, dans le contexte actuel genevois, une attention toute particulière a été portée sur la prévention du risque concernant les punaises de lit.

Collaboration réseau extérieur

Le besoin d’informations et d’explications sur le fonctionnement de nos structures est toujours très présent auprès de nos partenaires, et ce notamment pour expliciter notre nouvelle organisation.

La collaboration avec nos pharmacies partenaires continue à bien se dérouler.
Une présentation d’ARGOS et de ses pôles de prestations s’est tenue à l’UTHA afin de pouvoir sensibiliser les nouveaux médecins.
Le Toulourenc a accueilli une des réunions trimestrielles du réseau addicto du Grand Genève, dont elle fait partie depuis 2017.
Courant 2018, nous avons accueilli au CRMT deux personnes suivies au Programme Expérimenté de Prescription de Stupéfiant (Peps). Cette expérience a pu être menée, mais nous a montré l’importance d’une collaboration très étroite entre nos deux structures.
Une rencontre entre les responsables d’ARGOS, ceux de la Caap Arve et l’infirmière de liaison s’est tenue en fin d’année pour affiner notre collaboration et permettre à chacun de comprendre la réalité de chaque lieu (suivi ambulatoire à la Caap Arve VS programme de soins résidentiel). A l’issu de cette rencontre, la décision a été prise de remettre en place les rencontres mensuelles entre nos deux équipes.
L’élaboration d’un historique de la collaboration entre la médecine communautaire (UDMPR) et Argos depuis ses débuts a été proposée afin de faire un état des lieux actuel sur la prise en charge des bénéficiaires sur le plan de la santé. Ce travail a été initié par l’infirmière de liaison en collaboration avec la Dre Broers, le Dr Schrumpf et le directeur d’Argos, Monsieur Hervé Durgnat.

Plateforme d’orientation et d’indication

Toujours animé par l’infirmière de liaison, cet outil a trouvé sa place.
La fréquence hebdomadaire n’a pas été questionnée et semble être appréciée.
Cet outil permet une réflexion collective sur les situations abordées ainsi que de structurer le flux des bénéficiaires au niveau « argosien ».

Aline Iacoviello-Villard, infirmière de liaison 

Le point de vue du Management qualité

Comprendre la singularité́, la ressentir dans son être (avec son cœur, son esprit, son corps), c’est faire l’expérience de l’irremplaçable chez l’autre et dans le monde.

« Personne n’est indispensable. Chacun est irremplaçable ! ».

Cynthia Fleury, Les irremplaçables, 2015

2018 a été une année marquante pour notre association puisqu’elle a fêté ses 40 printemps ! Moment fort de notre histoire, nous avons pu mesurer le chemin parcouru au regard de ces quatre décennies. Cette année a aussi celle du renouvellement de notre certification ISO 9001/2015 et QuaThéDA Modulaire par notre auditeur SQS. Cette expérience permet à notre démarche de Management qualité de bénéficier d’un regard externe, expert et bienveillant, centré sur le souci de répondre au mieux aux nombreux besoins et défis qu’Argos doit relever, tant du côté des bénéficiaires de nos prestations que de nos partenaires publics et privés.

Le changement de modèle par pôle d’intervention est entré dans sa phase de roulement, cependant le développement de notre concept d’intervention nous a demandé un travail de clarification et de co-construction au sein des équipes et du collège de direction.

Le team qualité composé d’un représentant de chaque pôle, du secrétariat de la direction et du responsable du système s’est réuni à six reprises pour travailler sur la gestion des documents du SMQ, mais aussi sur les améliorations de notre fonctionnement interne et vis-à-vis de l’extérieur.
Le sondage mené auprès de nos différents partenaires du réseau à propos de leur satisfaction en termes de collaboration nous a encouragés à poursuivre dans la dynamique que nous défendons, « c’est toujours un grand plaisir de collaborer avec Argos, qui font partie des partenaires que je privilégie, pour leur qualité de travail, leur disponibilité et leur investissement. La communication et la collaboration sont faciles et agréables […] Travail de réseau efficace et efficient ».
Comme 2019 sera une année de transition importante avec le départ en préretraite du directeur, du responsable du Toulourenc et du responsable du système de management qualité, l’arrivée de nouveaux cadres, la préparation du nouveau contrat de prestations, autant d’aspects opérationnels que stratégiques qui demandent un soin particulier, soin que les personnes concernées par cette nouvelle étape ont décidé de prendre particulièrement à cœur en balisant au mieux le chemin à venir.

Une autre manière de le faire a été, d’une part, de poursuivre sur le chemin d’un engagement éthique rigoureux en veillant à nous entourer de professionnels compétents, tous issus de hautes écoles ou de l’université, et d’autre part, en soutenant des processus de formation continue. Mais aussi en poursuivant ses réflexions à propos des enjeux et de choix stratégiques liés à la mission d’Argos, à savoir, toujours là même, être au plus près de la réalité singulière de personnes confrontées à une souffrance intime et sociale liée à leur parcours de vie, terreau de leur addiction ainsi qu’à ses conséquences dramatiques.

L’environnement macro social nous demande d’être vigilants et proactif, notamment en ce qui concerne notre capacité d’adaptation et de réactivité vis-à-vis de l’évolution des besoins et des réalités des personnes addictes (précarité, vulnérabilité, stigmatisation, exclusion), mais aussi sur le plan des réponses institutionnelles à développer dans des contextes incertains.
Argos a toujours eu le souci de privilégier l’écoute et l’accompagnement de chaque personne, reconnue et acceptée dans la complexité de son parcours de vie en offrant des prestations de qualité, elle entend bien poursuivre sur ce chemin encore de nombreuses années !

Gérald Thévoz, responsable système qualité

Statistiques

CRMT

Toulourenc

Total

Secteur Résidentiel
Nombre de Places disponibles 12 13 25
Journée Facturées 2743 4175 6918
Entrées effectuées dans l’année 25 15 40
Total de séjours inclus le semi-résidentiel 33 30 65
Durée moyenne de séjours résidentiels / avec semi-résidentiel 136 203 / 157 330
Sorties effectuées dans l’année 24 16 40
En Séjour au 31 décembre 2018 6 10 16
Taux d’occupation 2018 62.6% 88% 75.2%

 

Pôle travail : 12 places d’accueil en ateliers 93%
Pôle ambulatoire : L’ENTRACTE
Nombre de places au Centre de jour 12
Nombre de passage/dossiers
traités
3358
Moyenne d’interventions par jour 16
Moyennes d’entretiens réalisés
par jours
9
Moyennes d’interventions administratives
par jour
7
Taux d’occupation 2018 115.2%

Nous exprimons nos remerciements

Au Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé, pour le soutien qu’il apporte à notre activité depuis 40 ans. Au Service des sports de la Ville de Genève pour la mise à disposition des installations sportives.

Aux communes d’Anières, Carouge, Collonge-Bellerive, Meyrin, Perly-Certoux, Plan-les-Ouates, Satigny et Troinex

Médecine communautaire;

Association Partage;

Dons anonymes;

Membres de l’Association.

Ces remerciements s’adressent également à toutes les personnes qui de près ou de loin soutiennent notre action.

Les personnes suivantes ont collaboré à la réalisation de ce rapport :

Christophe Mani, président

Hervé Durgnat, directeur

Candy Shorrock, assistante de direction

Pierre Mancino, Sabine Zuliani, Richard Zalisz, Pascal Dupont, Gérald Thévoz, Aline Iacoviello Villard.

Conception et création :

Buxum Communication, www.buxum.ch

Photos :

Vincent Zilioli