Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique ; ils ont à la fois valeur d’un féminin et d’un masculin.
Ce rapport que vous avez dans les mains a été préparé en partie au moment où notre canton prenait des mesures fortes, parfois difficiles, mais cohérentes, pour casser la chaîne de transmission du virus Covid-19, mais aussi pour protéger les personnes les plus vulnérables, avec le souci de ne pas surcharger nos infrastructures vitales, c’est-à-dire en premier lieu nos hôpitaux. La solidarité et la responsabilité dont a fait preuve l’ensemble de la population est une réaction que le Conseil d’Etat a salué. Si je fais mention de cette récente crise sanitaire liée au Coronavirus, c’est qu’elle nous rappelle, à plus d’un titre, pourquoi, année après année, nous soutenons l’activité d’une association comme Argos.
Face à une dépendance aux psychotropes, comme face à un virus, le combat se mène par le collectif. Je le disais déjà, et je le répète : on ne sort pas d’une addiction seul.e. On guérit grâce à l’interaction sociale que l’on noue avec autrui, que ce soit en centre de jour ou dans les structures résidentielles. On se soigne avec un soutien médical adapté, assuré au sein d’Argos par des infirmières dont la tâche se révèle essentielle, au vu notamment de la prévalence de comorbidités en plus des addictions. On évolue, on regagne confiance par le biais d’activités de réinsertion en atelier ou au sein d’entreprises sociales.
Si les projecteurs se sont arrêtés, dès la fin février de cette année, plus intensément sur les effets d’une maladie planétaire et nouvelle, ils doivent aussi se focaliser sur la place que notre communauté humaine donne à celles et ceux dont la trajectoire de vie est heurtée par une addiction aux drogues. Notre canton, avec toutes les richesses dont il dispose, ne doit jamais oublier que certain.e.s de ses membres sont en souffrance. Avec une nouvelle direction, certes forte d’une longue expérience dans le domaine de la prise en charge des personnes dépendantes, je me réjouis de constater qu’Argos a d’une certaine manière donné un nouvel élan à son action, qui fonctionnait déjà à plein régime…
Cette nouvelle direction, mais aussi ce personnel renouvelé en partie, c’est ce qui donne sa valeur à l’association. Face à la maladie, comme face à l’addiction, c’est l’être humain qui doit primer. En tant que responsable de la cohésion sociale, je veux dire mon admiration pour les femmes et les hommes qui font vivre Argos chaque jour, avec l’envie d’aider, l’envie de redonner goût à la vie aux personnes fragilisées. Mes remerciements vont aussi au comité, qui garde à cœur de maintenir un accompagnement de la plus haute qualité. Les statistiques de satisfaction des bénéficiaires, que vous pouvez découvrir dans ce rapport d’activité, sont à ce titre un indicateur des plus intéressants. Elles montrent le sentiment des personnes sondées, et elles démontrent surtout la politique de qualité mise en place par l’association.
Le réseau entre acteurs associatifs, sanitaires et socio-judiciaires se nourrit et se renforce à travers l’approche pluridisciplinaire voulue par Argos et ses partenaires. Dans ce réseau fort, Argos n’en est pas moins confronté aux défis de la précarité, tant sociale que médicale, de ses bénéficiaires. Une prise en charge de qualité passe indéniablement par une réflexion qui sera menée dans les mois à venir, en vue du nouveau contrat de prestations. A l’instar des efforts consentis pour le Coronavirus, nous agirons pour protéger les personnes vulnérables. Avec solidarité et responsabilité.
Thierry Apothéloz
Conseiller d’État
Nous évoquions l’an dernier une période de changement pour Argos, avec le départ à la retraite de plusieurs figures emblématiques de l’association, dont notre directeur Hervé Durgnat en novembre 2019. Nous profitons encore une fois de leur exprimer notre gratitude pour leur fidélité à Argos et pour leur engagement de grande qualité.
Le comité et la direction ont pris soin d’anticiper ces départs et de préparer l’avenir. Notre nouveau directeur Richard Zalisz, employé d’Argos depuis de nombreuses années, a pris ses fonctions entouré d’un collège de direction en grande partie renouvelé, dont vous ferez connaissance dans les pages qui suivent.
Nous pouvons constater avec satisfaction que, grâce à l’engagement de toutes et tous, expérimentés au sein d’Argos ou plus récemment arrivés, cette transition se produit dans une grande sérénité, avec les ajustements bien évidemment nécessaires. Cette réussite collective montre aussi la solidité de l’institution à tous les niveaux.
Une gouvernance associative solide et une organisation interne cohérente sont importantes pour nous permettre de ne jamais oublier ce qui nous anime toutes et tous : un accompagnement professionnel de la plus grande qualité possible pour les personnes qui y font recours, ainsi que d’anticiper au mieux les défis qui se présentent.
A ce propos, le collège de direction et le comité auront à cœur de peaufiner certaines évolutions mises en place ces dernières années.
La poursuite du travail incluant les consommations dites non problématiques dans le cadre du pôle résidentiel à long terme. L’exclusion, même momentanée, comme – seul – mode de réponse à une rechute de consommation, ne correspondait plus à la réalité.
L’intégration de nouvelles fonctions destinées à renforcer l’interdisciplinarité : une infirmière de liaison avec le réseau, deux infirmières au sein des résidentiels afin de mieux prendre en compte la situation de santé péjorée de nombreux résidants, un maître d’atelier, cuisinier professionnel, permettant de transformer la tâche quotidienne de préparation de la nourriture en un atelier ouvrant d’autres perspectives d’apprentissage, un animateur pour le centre de jour afin de privilégier les axes occupationnels et communautaires, et de faire face au repli sur soi.
Argos continuera également à s’engager dans le réseau genevois. Notre nouveau directeur a de suite intégré le comité de l’AGOEER, la plateforme des fonctions dirigeantes du GREA, le bureau de la FORDD (Fédération Romande des Organisations de Formation dans le Domaine des Dépendances).
Nous remercions nos autorités pour la confiance et le soutien accordé à notre engagement associatif. Après avoir pleinement répondu aux objectifs de l’actuel contrat de prestation avec le canton et au moment de l’ouverture des négociations pour le suivant qui couvrira la période 2021-2024, les défis restent de taille. La précarité, l’instabilité psychique et sociale des consommateurs de drogues nous obligent, par exemple, à revoir nos modalités d’accueil. Nous souhaitons ouvrir le débat avec nos autorités afin de trouver des modalités plus efficientes de financement des séjours, qui permettraient par exemple d’inclure une offre d’accessibilité rapide.
Christophe Mani, président
L’association Argos a vécu en 2019 des changements importants en ressources humaines, tant dans les équipes qu’à la direction avec 9 nouveaux engagements.
C’est dans ce contexte que j’ai été engagé en qualité de directeur au 1er décembre après avoir passé trois décennies en tant que travailleur social passant du domaine du handicap à la réduction des risques au début des années 1990, ensuite travaillant en milieu résidentiel de traitement puis responsable d’équipe du pôle résidentiel de court et moyen terme le CRMT.
De nouveaux enjeux se profilent. Nous observons une précarité toujours plus stigmatisée dans le domaine des addictions. Nos bénéficiaires se réfugient parfois dans un repli sur soi. L’isolement renforce ainsi l’exclusion, un sentiment de « désappartenance » !
Redonner du sens à travers des collaborations entre les différents partenaires du réseau médico-social et judiciaire, c’est redonner la possibilité à chacun de démontrer sa capabilité à trouver une place citoyenne et une qualité de vie satisfaisante.
Les défis sont nombreux, la révision de la Lstup démontre bien l’échec de la répression et de l’abstinence comme seule et unique marge de manœuvre pour sortir d’un comportement problématique en lien avec la consommation de substances psychotropes.
Aujourd’hui, des questions se posent autour de la consommation en général, qu’elle soit maîtrisée, contrôlée, non problématique voire même légale ! Nous sommes face à des changements sociétaux qui s’accélèrent.
La politique de la santé à travers la stratégie du Conseil Fédéral 2020-2030 met en évidence les chances de vivre en bonne santé.
Un arrêté du Tribunal fédéral daté du 11 juillet 2019 annonce que les personnes connaissant des problématiques d’addiction auront la possibilité de se voir ouvrir un droit à des prestations de l’assurance invalidité. Elles ne devront plus justifier d’autres types de handicap.
Quid des consommations de produits psychotropes qui apparaissent au sein même des structures dans le domaine du handicap et qui nous font prendre conscience que ce phénomène est transversal à toutes les souches de la population ?
L’augmentation des problèmes de santé somatique, mais surtout de troubles psychiatriques avec des troubles associés du comportement rend également la perspective d’une intégration dans la cité et notre travail toujours plus complexe, avec notamment une population « vieillissante ».
Paul Ricoeur dit justement à ce sujet : « La complexité, c’est ce qui relie ».
Alors nous devons nous relier, nous rallier à l’idée d’offrir une accessibilité aux soins au sens large, faciliter l’accès aux dispositifs par des démarches administratives simplifiées et des subventions qui ouvriraient les portes à des personnes à la frontière entre l’inclusion et l’exclusion, chômeurs, actifs, les citoyens lambda.
Face à une précarisation existante, rendre accessible également l’accès au logement, c’est donner cet espace d’intimité, de sécurité nécessaire pour rebondir dans la vie. L’étude menée par les autorités à Bâle en ce domaine le souligne allègrement. Il est nécessaire d’y associer l’occupation, d’offrir des espaces de rencontre et d’échanges dans le but de sentir renaître une forme d’appartenance, une forme d’inclusion sociale. Ceci dans le but sortir de l’isolement qui est un facteur à risque où la consommation de produits psychotropes peut se réinstaller.
Là est le défi à relever ensemble avec une politique de cohésion sociale, médicale et judiciaire inclusive et efficiente. C’est dans ce carrefour des compétences que s’inscrit l’association Argos.
Richard Zalisz, directeur
Notre collaborateur Gérald Thévoz, a pris sa retraite. Gérald nous quitte après avoir effectué 30 années au sein de notre association. Il a été une figure importante d’Argos et un précieux collaborateur au sein de l’Entracte. Nous le remercions vivement pour tout le travail accompli et nous lui souhaitons une très bonne retraite bien méritée.
L’Entracte a fonctionné à plein régime. La plupart de toutes nos prestations sont en augmentation, repas, entretiens individuels, accompagnement sur l’extérieur, entrées en résidentiels, travail de collaborations avec le réseau. Nous observons aussi un plus gros besoin de la gestion administrative et financière de nos bénéficiaires. L’Entracte n’a cependant pas ce mandat financier, mais nous entreprenons de plus en plus une forme « d’éducation » de ces gestions. L’idée n’étant pas de faire à la place du bénéficiaire, mais bien de l’accompagner dans cet apprentissage en vue d’une amélioration nette sa situation, voire de son autonomie.
De nouveaux partenariats ont été entamés et plus particulièrement avec la Fondation Qualife qui approche une population de jeune en rupture de formation et dont la problématique de l’addiction peut être présente. Ainsi plusieurs suivis ont pu être entamés.
Les admissions en résidentiels n’ont pas manqué, les personnes que nous accueillons principalement pour le CRMT sont essentiellement des consommateurs d’alcool et de cocaïne. Ces personnes démontrent un niveau d’anxiété important et leur stabilité en milieu résidentiel reste difficile, ce qui entraine des séjours de plus courte durée et de ce fait, cela impacte notre taux d’occupation.
Une des grandes nouveautés de l’année 2019 a été l’acquisition d’un appartement dit « relais ». L’Entracte est en charge de ce nouvel outil. Il s’agit d’un studio se situant en plein centre-ville offrant une possibilité de logement transitoire pour des personnes qui présentent une assez bonne stabilité, mais pour qui le problème du « toit » reste précaire. Un de nos résidents du Toulourenc terminant son séjour, bénéficie de ce logement.
L’année dernière nous faisions état du besoin d’animation pour nos bénéficiaires. Ce besoin est toujours d’actualité et nous avons pris la décision de lui donner une importance supplémentaire en faisant le choix d’engager un animateur qui sera effectif au début de l’année 2020.
Pascal Dupont, responsable pôle ambulatoire
Atelier Cuisine :
Quotidiennement deux personnes travaillent avec notre maître d’atelier en cuisine pour confectionner les repas de nos deux résidentiels. Cet atelier a été mis en place pour permettre à nos bénéficiaires d’acquérir des connaissances culinaires et nutritionnelles et ainsi être plus à l’aise dans la confection d’un repas. Nous avons pu observer tout au long de cette première année d’atelier cuisine qu’il est parfois difficile pour nos bénéficiaires de gérer cette activité. La peur de décevoir, le manque de confiance en soi, la méconnaissance, voire l’absence totale de connaissances en cuisine sont autant d’éléments qui peuvent expliquer parfois leurs angoisses. Il n’empêche que certains bénéficiaires ont eu une grande satisfaction d’acquérir des connaissances en cuisine ou encore de pouvoir faire connaître leur plat national.
Réinsertion socio-professionnelle :
Je félicite six de nos bénéficiaires qui grâce à un coaching de proximité et à notre bonne collaboration avec le réseau des entreprises sociales et des structures d’insertion ont pu intégrer des activités chez PRO, aux EPI, sur Le Bateau, à l’Orangerie, chez IPT. Nous continuons à accueillir des personnes pour des activités de réinsertion octroyée par l’Hospice général.
Atelier d’expérimentation :
Nous constatons un vieillissement de nos bénéficiaires, ainsi qu’une lourdeur des traitements administrés qui a pour conséquence un taux d’absentéisme récurent. En effet, le taux de participation effective est de 74% alors que le taux d’occupation attendu est de 109%.
En 2019, 34 résidents ont travaillé au minimum 3 demi-journées par semaine et
9 bénéficiaires en semi-résidentiel de jour ont travaillé sur 5 demi-journées.
Sabine Zuliani, responsable pôle Travail
Après une procédure d’engagement, j’ai le plaisir d’avoir intégré l’association Argos en qualité de responsable du CRMT au 1er septembre 2019.
Sur un plan socio-éducatif, cette année a été nourrie de réflexions sur les prestations internes que nous offrons à nos bénéficiaires afin d’être au plus près de leurs besoins.
Nous notons de nouveaux types de profils et des séjours plutôt courts et renouvelés.
Nous avons constaté une hausse du nombre de personnes présentant une comorbidité en plus de la problématique de l’addiction. Des pathologies telles que le Trouble du Comportement Alimentaire (TCA), le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans HyperActivité (TDHA) ou encore une symptomatologie psychotique sont régulièrement présents chez nos bénéficiaires.
Dans le cadre de notre collaboration avec le SAPEM et le SPI nous avons accueillis des personnes sous surveillance électronique pour permettre à ces personnes de ne pas péjorer leur intégration sociale.
Suite à des discutions entre les bénéficiaires et l’équipe éducative un nouveau projet a vu le jour. Il s’agit de la construction et de l’entretien d’un poulailler. Ce projet a pour finalité de responsabiliser les résidents à s’investir dans le suivi et l’entretien de ce poulailler. Nous avons pu également constater que cela a permis de les sensibiliser à l’environnement.
Au cours de l’année 2019 la maison a subi d’importants travaux de dépollution à l’amiante et au plomb. Les travaux ont duré deux mois ce qui a eu un impact direct sur la capacité d’accueil du CRMT et a perturbé l’organisation du résidentiel.
Un stagiaire effectuant sa formation pratique de 3ème année HETS, a dans son projet d’intervention créé avec les bénéficiaires un salon extérieur dans le but de proposer un nouvel espace convivial de vie. Ce lieu de rencontre connaît un vif succès.
Je profite de ce rapport d’activité pour remercier chaleureusement le comité, le collège de direction ainsi que l’équipe éducative de leur accueil.
Coraline Majoral, responsable du CRMT
Suite à une procédure d’engagement, j’ai pris la coordination du centre résidentiel « Le Toulourenc » et la responsabilité de l’équipe éducative en septembre. Ayant oeuvré auparavant comme travailleur social au sein de ce même dispositif, il me parait important et pertinent de poursuivre les processus initiés. L’ouverture à des séjours de longues durées, la poursuite de la réflexion sur la notion de réduction des risques en résidentiel et enfin la question du logement dans la cité et de sa plus-value dans le cadre de l’accompagnement que nous proposons sont des réflexions qui nous ont animées tout au long de cette année.
Le Toulourenc est confronté depuis maintenant plusieurs années à la notion de chronicité des personnes accueillies.
Comme le soulignais en 2018 le Conseiller d’Etat M. Apotheloz lors des festivités autour des 40 ans de l’Association : « Le travail d’Argos n’a rien à voir avec l’immédiateté. Il s’agit, au contraire, d’un combat de longue haleine (…) ».
La mise en place d’un dispositif proposant un accompagnement vers une consommation non problématique peut être une partie de l’explication sur cette temporalité de séjour. Il me semble également important de mettre en parallèle à cela la difficulté d’accès à des logements extérieurs pérennes sur le bassin genevois. A ce jour, les résidents souhaitant vivre dans un logement autonome doivent attendre de nombreuses années pour atteindre cet objectif.
L’équipe du Toulourenc a pensé son dispositif d’accompagnement et la vie en résidentiel comme une expérience d’accessibilité à un logement et également comme un outil de socialisation de moyenne ou longue durée.
Nous avons poursuivi la réflexion sur la notion de réduction des risques au sein d’une structure résidentielle innovante puisque l’un des nouveaux paradigmes d’Argos est de pouvoir proposer une réflexion et un accompagnement à la mise en place d’une consommation non problématique.
Ce travail s’est articulé entre des moments de réflexion avec les professionnels de la structure et du réseau, mais aussi avec le groupe de résidents.
Cette démarche intégrative a permis aux résidents de retrouver une part de citoyenneté, d’exprimer et de partager leurs connaissances dans ce domaine.
Les perspectives d’avenir et de développement du dispositif mis en place au Toulourenc pour les années à venir sont également d’actualité. Il m’apparait important que nous puissions poursuivre l’ouverture et l’accompagnement dans des dispositifs de logements extériorisés au site du Toulourenc. Cela permettrait en effet de pouvoir développer notre éventail d’outils en proposant un travail autour de l’autonomie.
Enfin il me parait important et primordial de renforcer, de continuer à développer un réseau de partenariat avec des institutions genevoises tant sur le plan médical, social et professionnel.
Nicolas Stock, responsable du Toulourenc
Après un bilan des activités des infirmières avec la direction, nous avons pu mettre en évidence que le travail infirmier au sein d’Argos réside essentiellement dans la coordination des soins de nos bénéficiaires. Une présence quotidienne des infirmières dans les résidentiels serait donc un atout supplémentaire pour assurer le meilleur suivi possible sur le plan de la santé.
Le team santé cherche à s’organiser dans une optique de transversalité : partage de documents, remplacements lors de vacances, temps de réflexion en commun, planification de cours co-animés.
L’infirmière de liaison a intégré le Team Qualité afin d’amener ses compétences métiers sur les différents processus liés au médical. Elle se fait également la porte-parole du team santé dans ce contexte.
Prise en charge des comorbidités somatiques et psychiques en résidentiel :
Lors d’entrée sans hospitalisation préalable, nous avons pu rencontrer des difficultés de coordination entre l’extérieur et nos résidentiels. Dans un souci d’amélioration nous avons réfléchi à ces difficultés avec notre médecin répondant de l’UDMPR le Dr Schrumpf ainsi que la Drsse Broers. Une des propositions qui ressort de cette réflexion est de solliciter en amont le médecin répondant pour qu’il vienne en appui dans l’analyse de la situation.
Nous avons pu constater que nos bénéficiaires ont plus de difficulté en début de séjour résidentiel, avec une instabilité tant au niveau de leurs problèmes somatiques que psychiques. La présence des infirmières dans les résidentiels permet d’amener des compétences métiers précieuses qui viennent s’ajouter aux ressources éducatives. Cette pluridisciplinarité est bénéfique pour nos résidents et améliore encore l’accompagnement proposé.
Gestion des risques :
Les infirmières d’ARGOS ont dispensé les deux premières formations de refresh du BLS-AED à l’ensemble des collaborateurs ainsi qu’une formation complète pour les nouveaux collaborateurs.
Attentive à la santé des bénéficiaires, une procédure pour la conduite à tenir en cas de suspicion de punaises de lit a été élaborée et mise à disposition des équipes avec le matériel ad hoc.
Collaboration réseau extérieur :
La collaboration avec le réseau genevois en addictologie se poursuit avec des rencontres régulières ainsi que des présentations de notre association.
Nous continuons d’accueillir dans nos résidentiels des personnes bénéficiant du programme PEPS. Argos est représenté auprès du comité du GREA avec l’intégration de l’infirmière de liaison.
Plateforme hebdomadaire d’orientation et d’indication :
46 entrées ainsi que 47 sorties ont été traitées en plateforme d’orientation et d’indication. Les refus et les réorientations dans le réseau externe ont également été traités dans cette plateforme. L’outil permet une réflexion collective sur les situations abordées et permet de structurer le flux des bénéficiaires au niveau de nos différents pôles.
Aline Iacoviello-Villard, infirmière de liaison
A l’automne 2019, j’ai pris à hauteur de 10%, la coordination du système de management qualité, laissé vacant par le départ à la retraite de son titulaire, monsieur Gérald Thévoz. Nous le remercions chaleureusement de son investissement dans cette responsabilité durant 20 ans.
Le travail de l’association Argos, la direction et le pôle résidentiel de court et moyen terme, le CRMT, ainsi que le nouvel atelier cuisine, ont fait l’objet d’un audit de suivi en septembre 2019. Cela a été validé par la certification qualité SQS pour la norme ISO 9001 :2015 sans aucune non-conformité.
Argos prend soin des remarques sur l’amélioration continue et a mis en ligne sur son site internet la politique qualité et qu’elle s’engage à respecter toutes les exigences applicables à son domaine d’activité.
Cette année, deux audits internes ont été menées. Le premier concerne l’accompagnement mis en place sur le pôle de vie adapté de long terme le Toulourenc. Le second sur le nouvel atelier cuisine implanté sur le pôle résidentiel de court et moyen terme le CRMT. Ces deux audits ont mis en lumière d’une part la justesse du changement au sein du pôle résidentiel le Toulourenc avec des collaborateurs satisfaits. Pour l’atelier cuisine, l’audit a permis d’ajuster et de clarifier auprès des collaborateurs le fonctionnement et la plus-value de ce projet d’atelier.
Pour répondre aux normes SQS, chaque année, nous réalisons des questionnaires de satisfaction destinés aux bénéficiaires dont voici les résultats :
Le CRMT |
Le Toulourenc |
Total |
|
---|---|---|---|
Pôle résidentiel | |||
Nombre de Places disponibles | 12 | 13 | 25 |
Journées Facturées / semi-résidentiel | 2452 | 3802 / 541 | 6795 |
Entrées effectuées dans l’année avec le semi-résidentiel | 28 | 18 | 46 |
Total de séjours avec le semi-résidentiel | 34 | 28 | 62 |
Durée moyenne de séjours résidentiels / semi-résidentiel | 222 | 847 / 135 | 1204 |
Sorties effectuées dans l’année avec le semi-résidentiel | 28 | 19 | 47 |
En séjour au 31 décembre 2019 | 15 | ||
Taux Occupation 2019 | 73,8% |
Pôles ambulatoires | |
---|---|
Pôle travail : 12 places d’accueil en ateliers | 109% |
Pôle ambulatoire : L’ENTRACTE | |
Nombre de places au Centre de jour | 12 |
Nombre de passage/dossiers traités |
3273 |
Moyenne d’interventions par jour | 16 |
Moyennes d’entretiens réalisés par jours |
9 |
Moyennes d’interventions administratives par jour |
7 |
Taux d’occupation 2019 | 111,3% |
Nous exprimons nos remerciements au département de la cohésion sociale pour le soutien qu’il apporte à notre activité. Au service des sports de la ville de Genève pour la mise à disposition des installations sportives.
Aux communes d’Anières, de Carouge, de Collonge-Bellerive, de Dardagny, du Grand-Saconnex, de Laconnexx, de Lancy, de Menier, de Meyrin, de Plan-les-Ouates, de Satigny et de Troinex.
La Loterie Romande
Médecine Communautaire
Dons Anonymes
Membres de l’associations
Ces remerciements s’adressent également à toutes les personnes qui de près ou de loin soutiennent notre action.
Les personnes suivantes ont collaboré à la réalisation de ce rapport :
Christophe Mani, président
Richard Zalisz, directeur
Candy Shorrock, assistante de direction
Pascale Dupont, Coraline Majoral, Sabine Zuliani, Nicolat Stock, Aline Iacoviello-Villard.
Conception et création :
Buxum communication, www.buxum.ch
Photos :
Vincent Zilioli
Argos rend hommage à Jean-Claude décédé en septembre 2019 lors d’un voyage en Chine. Jean-Claude était un bénéficiaire de longue date des prestations d’Argos et était très présent dans la vie communautaire du pôle ambulatoire l’Entracte. Voici un dernier mail envoyé de Chine à sa référente de l’Entracte :
Bonjour Carole,
Je pensais justement à toi ce soir (il est 21h ici). Je me demandais si tu étais encore en vacances, bien que je sache que c’est la rentrée ces jours. Je suis content que tu aies eu du plaisir durant ton voyage et que tu aies pu te ressourcer. Enfin je l’espère ! Zanzibar est un mot qui me fait rêver depuis mon enfance, quand je feuilletais un vieux livre de la bibliothèque familiale sur les explorateurs : Stanley, Livingstone, … Tu me raconteras !
Effectivement, j’ai peu communiqué autrement qu’en envoyant des photos sur Facebook. Je suis en terrain connu et dans une certaine forme d’errance, car je n’ai aucun itinéraire de prévu. C’est les événements qui m’ouvrent des possibilités, les rencontres et la météo, car il pleut pas mal depuis près d’un mois. Et les températures ! À Hanoï, on avait un ressenti de plus de 45°, pluie et orages, le climat tropical m’était insupportable, j’ai écourté mon séjour vietnamien. Ça m’a sapé le moral. Maintenant que je suis remonté dans les montagnes chinoises, je viens de voir qu’il fait 9°, ça me convient mieux. Bon, un peu froid quand même, je l’avoue ! Je devrais m’acheter une veste. J’appréhende de faire les magasins, déjà à Genève … Je repousse depuis des jours déjà, tu vois ce que je veux dire !
La météo étant plutôt capricieuse en montagne, il faut viser les bons jours pour aller randonner !!
J’avais aussi je crois le besoin de lâcher la main courante, je grandis un peu plus à chaque odyssée, car c’est ainsi que je ressens mes voyages. Et maintenant je vois qu’ils prennent aussi un autre tour. Je ne suis plus dans le total inconnu. Les voyageurs que je rencontre, quand ils me disent qu’ils vont ici ou là, c’est bien souvent des lieux où je suis déjà allé et je peux partager avec eux ce que j’y ai vécu. Je deviens le voyageur expérimenté que je voyais avec envie chez d’autres, lors de mes premières escapades. Quand autour d’une bière, à Hanoï, un vieux marin retraité australien avec qui je passais mes soirées me dit, avec une sincérité désarmante dans le regard, qu’il à du respect pour moi, alors que je lui explique ma façon de voyager, ça m’habite encore, plus de trois semaines après. Qui suis-je, entre ce que je perçois de moi et ce que ce vieux loup de mer me renvoie ? Lectures de philosophie tibétaine et exercices de médiation me permettent de trouver quoi faire de ces questions, ici, seul actuellement, au pied des monastères de ces marches tibétaines dans lesquelles je me sens si curieusement en phase. Si j’aime la Chine, c’est surtout le Tibet qui me nourrit. Sa mystique est contagieuse.
Mais la Chine change vite. Trop vite. Certains lieux perdus dans la montagne sont devenus plus accessibles grâce aux nouvelles routes. Cinq ans (déjà !) après mon premier passage, dans la petite ville de Tagong, les hôtels ont poussé, les temples sont devenus des attractions touristiques payantes, l’électricité a remplacé les lampes à beurre. C’était le Far-West, loin de tout, c’est maintenant une destination comme une autre. Ça m’a fait un gros coup. Tristesse, colère, dégoût…il a bien fallu finalement l’accepter.
La Chine a changé. J’ai changé moi aussi. Bon sujet de méditation sur l’attachement et l’impermanence !
Bref.
Il me semble que je suis parti depuis une éternité ! Tant de choses si variées de sont passés. J’ai vu des villes, des villages. J’ai fait du stop, j’ai campé. J’ai eu chaud, froid, j’ai joué de la musique, chanté, cassé mon smartphone, pris l’avion en première classe, des trains, un bus-couchettes pourri, marché des heures dans des paysages à couper le souffle, eu le vertige, vu des lieux sacrés, pris des cuites, dû parler l’allemand, la langue des signes, appris comment calligraphier mon nom en tibétain, à dessiner Bouddha … Et tout ce qu’il y a entre ces mots !! Mais toujours pas acheté de veste !
Ces jours je suis un peu fatigué (ben tiens !), suite aussi à une rando géniale (près de 50 km en deux jours avec un lac à 4400 m et vue sur le Kawa Karpo, montagne sacrée pointant a plus de 7000 m). Il y a deux semaines, j’étais épuisé moralement. Il y a eu pas mal d’évènement délicats à gérer (dont la moiteur du Vietnam et ses bières si bon marché) mais tout s’est bien passé finalement.
Je suis dans une certaine sérénité. J’ai encore un peu moins de trois semaines avant mon retour, le 21. Mais déjà je reçois des mails de réunions de comités auxquelles je ne peux participer, c’est la rentrée !! Il me faudra bien deux semaines pour faire gentiment le chemin du retour, autant sur la route que dans mon âme.
Voilà un bien long mail mais ça m’a fait du bien de l’écrire, de mettre des mots sur mon parcours. Merci.
Au plaisir de te revoir, grosses bises à tous, Cordialement.
Jean-Claude